En généalogie, quand on parle de recherches dans la presse, il faut l’entendre largement.
Il ne s’agit pas uniquement des quotidiens, mais aussi des revues et autres supports imprimés, qui, pour la plupart, sont accessibles en ligne, sur des sites nationaux, départementaux, par exemple.
C’est en effectuant des recherches sur une de mes ancêtres, Marie Louise Julie Alaboissette (1849-1922) – que la mémoire familiale décrivait comme ayant été « collaboratrice dans l’édition » – que j’ai pu en apprendre plus sur ses écrits, mais aussi l’enfance de ses deux garçons…

Ascendance de Marie Louise Julie Alaboissette
Source : Archives privées, famille Bodénès
Issue d’une famille aisée, Marie Louise Julie naît à Paris (ancien IIIème arrondissement, le 10 août 1849.
Elle aurait été pensionnaire chez les sœurs, où elle parfait son éducation, et se marie, le 20 juin 1868 à Paris 16ème avec Frédéric Tinthoin, dont le père évolue dans les métiers du bâtiment, tout comme son propre père.
Marie aura deux enfants, Félix et Louis, qui naissent respectivement à Paris, en 1870 et 1873.
C’est alors qu’ils sont encore enfants, dans les années 1880 / 1881 que l’on retrouve effectivement la trace de Marie dans la Revue Saint-Nicolas.

Nouvelle publication : Saint-Nicolas, journal illustré pour garçons et filles
Librairie Ch. Delagrave Source : BNF, Gallica
Les éditions Charles Delagrave (1842-1934), créées en en 1865, éditent, dès 1880, le périodique Saint-Nicolas, et ce jusqu’en 1915. Il s’agissait d’un hebdomadaire catholique qui paraissait le jeudi.
Si de nombreux articles et autres histoires ne sont pas signés, la référence à Félix T. (Tinthoin ?) et Loulou (Louis Tinthoin ?) ne laisse quasiment aucun doute sur la référence aux deux jeunes garçons. D’ailleurs, la photo de Félix est même publiée dans la revue, en 1880. Nul doute qu’il s’agit bien de lui !

Photo de Félix, publiée dans la revue Saint-Nicolas, Journal illustré pour garçons et filles, 1880 – Source : BNF, Gallica

Félix Tinthoin, 1880
Archives privées, famille Tinthoin
La lecture attentive de chacun des numéros de la revue nous apporte plusieurs éléments. En premier lieu, le nom de plume utilisé pour signer les articles. En second lieu, de nombreux éléments sur l’enfance des deux jeunes garçons, mais aussi sur la vie de la famille et leurs loisirs.
Les histoires dans lesquelles les prénoms de Félix et Loulou apparaissent sont toutes signées de Victorien Aury, qui est un des noms de plume d’Eudoxie Dupuis, traductrice, écrivaine et auteure de livres pour enfants (il resterait à effectuer des recherches sur cette auteure, dont les dates de naissance et décès n’ont pas été objectivées).
Il apparaît donc que Marie Alaboissette aurait bien été « simple » collaboratrice dans l’édition, et non pas auteure elle-même. Peut-être proposait-elle des sujets pour l’écriture de certains contes, et était-elle chargée du courrier des lecteurs ?
C’est en effet également dans de nombreux échanges avec Saint-Nicolas qu’il est régulièrement fait mention des enfants Tinthoin.
Tantôt, Félix se plaint des frasques de son frère cadet, tantôt il fait part à son destinataire de son désir de devenir chirurgien de marine (comme son grand-père maternel, Benoît Alaboissette). Parfois encore, il raconte sa participation à un spectacle de magie, sous la houlette de Robert-Houdin, intitulé Fantoches Valotte (spectacle joué au théâtre Robert-Houdin, sis 8 boulevard des italiens, à Paris). C’est en lisant cette correspondance que l’on apprend que les garçons prénomment leurs parents « petite mère » et « petit père ».

Affiche du spectacle Fantoches Valotte, 1880
Théâtre Robert-Houdin Source : BNF, Gallica

Extrait de la revue Saint-Nicolas, 1880 – Source : BNF, Gallica
Quoi qu’il en soit, ce souvenir familial relatif à l’activité de Marie Alaboissette correspond bien à une réalité.
La consultation des archives des Editions Delagrave pourrait nous en apprendre davantage. Cela fait partie des recherches qu’il me reste à mener pour en apprendre un peu plus sur le parcours de cette aïeule, dont il me reste, toutefois, une très belle photo datée de 1891.

Marie Louise Julie Alaboissette, 1891 – Archives privées, famille Tinthoin