INNOCENT ?… pas vraiment finalement..

Jean Théodore SIBAULT naît le 11 septembre 1830 à Bourges. C’est une sage-femme, Marie-Anne Mallet, 31 ans, domiciliée rue Saint Médard, qui déclare sa naissance. Elle est accompagnée de François Simon, 24 ans, boucher, demeurant rue Mirabeau. Le père de Jean Théodore, François (1784-1843), n’est pas présent, mais est bien mentionné dans l’acte. Il est alors journalier. Son épouse, Françoise Victoire Caumont (1790-1854), et lui-même, résident rue Pavée. L’ensemble des protagonistes réside section Saint-Sulpice.

Acte de naissance de Jean Théodore SIBAULT – Source : AD 18

Dès sa venue au monde, Jean Théodore, qui est le dernier d’une fratrie de 4 enfants, né 14 ans après l’aîné, semble ne pas être le centre d’intérêt de la famille. Il faut dire que ses parents ne sont pas aisés. François, après avoir été voiturier (1812), journalier (1816, 1830), postillon (1824), ou avant d’être cafetier (1843), n’aura eu de cesse, toute sa vie durant, d’essayer de faire vivre sa petite famille.

Son épouse, lingère (1812) et journalière (entre 1816 et 1854), l’aura accompagné du mieux qu’elle aura pu pour contribuer, en plus des tâches « ménagères » inhérentes à la tenue d’une maison, à son dur labeur. Elle se retrouve par ailleurs veuve alors que Jean Théodore n’a que 13 ans..

La fragilité de leur condition, les déménagements successifs de la famille, sans doute intervenus pour répondre à un besoin d’emploi (Chârost en 1812, Issoudun en 1816, Bourges entre 1824 et 1830 et enfin Orléans en 1835) n’auront pas contribué à voir éclore une cohésion familiale qui aurait pu sauver Jean Théodore…

Très rapidement, Jean Théodore accumule les petits larcins, les frasques. Il veut que l’on entende sa voix, il veut jouer un rôle… être sur le devant de la scène.. et il y arrivera, mais pas de la meilleure façon qui soit..

Condamné à plusieurs reprises, notamment suite à sa participation au Coup d’Etat de décembre 1851, il multiplie les actes de violence.

Il se marie pourtant, en 1852, avec Victoire Séraphine Vincent (1830-1905), avec qui il aura deux enfants, Jean Théodore (1853) et Amélie Séraphine (1854). Mais là non plus, ces heureux événements ne mènent pas à la sérénité attendue..

Extrait d’arbre mixte de Jean Théodore SIBOT

Il part, avec son épouse et ses enfants s’installer en région parisienne vers 1860. Sa société de peintre en bâtiment, qui semble n’avoir qu’une activité toute relative, fait faillite en 1864, et la presse recommence à se faire écho de son quotidien de violence sur fond d’addictions..

Sa femme le quitte, lui abandonnant sa fille avec qui il entretient des relations coupables. Jean Théodore s’enfonce dans la misère, n’hésitant pas à tenter de tuer pour quelques billets… et le couperet tombe..

Le 11 octobre 1875, il est condamné aux travaux forcés à perpétuité pour 4 attentats à la pudeur envers sa fille, dont il a été complice de 3 avortements et d’un infanticide, et de tentative d’assassinat sur un soldat..

Condamnation de Jean Théodore SIBOT – Source : ANOM

Encore a-t-il échappé à d’autres condamnations relatives à des faits dont il se vantait mais qui n’ont pu être prouvés..

LE FIGARO, 15 octobre 1875 – Source : BNF, Gallica

Déporté en Nouvelle Calédonie, il y décède le 11 septembre 1905, jour anniversaire de ses 75 ans..

Décès de Jean Théodore SIBOT – Source : ANOM

Sa fille, quant à elle, également déportée et condamnée à 3 ans de bagne, rejoindra finalement l’Australie où elle se mariera en 1897, et aura un fils.

Quant à son épouse, Victoire Séraphine, elle finira ses jours à Bégard, en Bretagne, à l’asile privé de femmes aliénées, comme on l’appelait alors…

Brièvement résumée, cette histoire de vie n’a rien à envier à certaines nouvelles de Maupassant.. et me fait penser à l’ouvrage de Frédéric Thebault « Y a-t-il un assassin dans votre arbre généalogique ? »…

8 commentaires sur « INNOCENT ?… pas vraiment finalement.. »

    1. Bonsoir Christelle,
      quand j’ai découvert Jean Théodore, j’ai été pour le moins tétanisée, d’autant plus qu’il faisait partie des collatéraux dont personne ne parlait : je suis tombée des nues.. Quant à la lecture des articles de l’époque, ils donnent des détails très fournis sur ses agissements et le déroulé du procès aux Assises, qui vous font froid dans le dos.
      Je crois effectivement pouvoir dire qu’il n’apparaît pas très sympathique…
      Néanmoins, et sans chercher à expliquer ces faits, quels qu’ils soient, j’essaie toujours de comprendre ce qui a pu se passer. Lorsque vous étudiez la famille dans sa globalité, beaucoup d’éléments étayent le fait qu’il avait un grand besoin d’attention, ce qu’il n’a pas trouvé au sein de son cercle familial…

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  1. Nous ne sommes pas loin de mon Pierre Henry… Et oui, même si ce n’est pas glorieux, il est intéressant de contextualiser. L’examen du dossier de procédure du greffe correctionnel et des assises peut apporter des éléments à ce questionnement.

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