… ou les mille visages de nos ancêtres
C’est un jouet qui revient à la mode, que l’on trouve à nouveau dans bon nombre de boutiques, et qui, pourtant, ne date pas d’hier. Inventé au début du 19ème siècle, le kaléidoscope a donc sans doute ravi nombre de nos ancêtres.
Mais nos ancêtres, d’ailleurs, n’ont –ils pas un côté « kaléidoscope » ?

Dans le cadre de recherches généalogiques, nous sommes souvent amenés à questionner notre entourage sur les souvenirs qu’ils ont de nos ancêtres, sur les histoires qui ont pu leur être racontées, et parfois, les avis et les souvenirs divergent. C’est ça, ce que j’appelle l’effet kaléidoscope en généalogie.. En fonction du vécu de chacun, de son caractère, de sa perception des autres, le ressenti est différent. Et puis, plus simplement, une certaine pudeur, par exemple, peut aussi amener à ne pas dévoiler sa vraie personnalité.
En comparant les récits, en confrontant les souvenirs, on se rend compte qu’il n’y a pas une, mais plusieurs vérités.
J’ai le souvenir de cet ancêtre décrit comme étant « bougon » qui, en fait, n’était « taiseux » que parce qu’il maîtrisait mal la langue française.
De cet autre qui était décrit comme étant volubile, extraverti, alors qu’il ne faisait que masquer une enfance difficile, entre une mère soumise et un père autoritaire et violent.
Ou encore cette épouse, servile à souhait, très sociable au demeurant, mais qui fuyait toute invitation, de peur que l’on ne puisse constater combien sa vie de couple était un enfer, face à un époux narcissique et avilissant.
Tous ces profils me font penser à Jean Frédéric Oberlin (1740-1826), dont le musée, sis à Waldersbach, pourrait vous surprendre.

Pasteur, pédagogue, botaniste et défenseur des droits de l’homme, il constitua de nombreuses collections, prisées par le monde entier (si, si..), dont une composée de silhouettes. Il classa et analysa en effet systématiquement les silhouettes de ses proches, des paroissiens de Waldersbach et autres visiteurs de passage, afin de mieux les comprendre. La collection, dessinée et annotée entre 1777 et 1790, est impressionnante. C’est un peu « l’avant photographie » (qui ne se démocratisera qu’un siècle plus tard). Là, il est déjà possible de se faire une idée de la physionomie de nos ancêtres, et de leur caractère ou morphologie (les silhouettes reprennent les nom, âge, village, profession du modèle.. mais des fiches décrivent aussi le caractère voire le comportement de chacun).

Allez découvrir ce musée, même virtuellement, vous pourriez être surpris… http://musee-oberlin.org/fr/accueil/… Et sait-on jamais, un de vos ancêtres est peut-être passé au fond de cette vallée vosgienne reculée, appelée le Ban de la Roche, à la fin du XVIIIème.. A défaut d’avoir son portrait, vous pourriez peut-être retrouver sa silhouette ?!?
Voir aussi l’ouvrage Le pasteur des Lumières de Loïc Chalmel pour de plus amples renseignements.