Une famille nombreuse… et non des moindres !

Le sujet du mois de juin du challenge UPRO-G semblait circonscrit, relativement simple à aborder, et finalement, le sujet est vaste. Le terme « famille nombreuse » peut s’interpréter de diverses façons. Convient-il de parler des enfants d’un seul couple ? De la famille élargit à un patronyme ? Des aides à la « famille nombreuse » ? De la notion « famille nombreuse » telles que l’entendent les dispositions des articles D215-7 à D215-3 relatifs à la Médaille de la famille ? Dans les faits, c’est sans doute un peu tout cela, et libre à chacun d’écrire sur le sujet qui lui parle le plus.

Pour ma part, j’ai recherché dans ma généalogie personnelle le couple qui aurait eu le plus d’enfants, et ai jeté mon dévolu sur Jean Tinthoin (vers 1672-1747) et Denise Lescuyer (1682-1765) qui n’eurent pas moins de 16 enfants !

Jean Tinthoin, fils de Jean (vers 1647-1687) et de Magdelaine Bessart (vers 1640-1706), naît vers 1672, sans doute à Stains, dans l’actuel département de Seine-Saint-Denis. Issu d’une famille bien établie sur cette commune (son père est greffier de la paroisse et tabellion), il se marie, à Stains, le 3 octobre 1701 à Denise Lescuyer, fille de Jean, marchand de dentelles, et de Nicole SEZ.

Ascendance de Jean TInthoin et de Denise Lescuyer sur 3 générations

Entre 1702 et 1711, le couple aura donc 16 enfants. Un par an finalement. Les quatre premiers sont Jean (1702-1702), Jean Denis (1703-1703), Jean (1704-1704) et Jean Sébastien (1705-1711). Ils décèdent jeunes, ce qui explique en partie la répétition du prénom Jean.

Suivent ensuite Pierre (v. 1706-1760), Marie Denise (1708-1730), Thomas (1710-1789), Jeanne (1711-ap. 1764), Jean (1712-1715), Jean Pierre (1713-av.1746), Charles (1714-v .1714), Jacques (1715—ap. 1749), Jean Baptiste (1717-1793), Jean Marcel (1717-1717), Philippe (1721-1721) et Madeleine Catherine (1722-1748).

Comme on pourra le constater, seuls 8 des 16 enfants vivent suffisamment longtemps pour fonder une famille.

Enfants survivants

Dans le cadre de mes recherches, j’ai cherché à retrouver la trace de la vie quotidienne de la famille, particulièrement autour de la paroisse de Stains, où Jean occupait, tout comme son père, les fonctions de marguiller.

Où réside la famille ?

Par acte en date du 3 juin 1716 [1], Toussaint Bellanger (n.d. – 1740), escuyer, seigneur châtelain de Stains, délaisse, à titre de ferme et loyer en affermage à Jean Tinthoin, et pour une période de 9 années, la terre et chastellerie dudit Stains. Durant cette période (1716-1725), Jean et les siens résideront dans une maison – avec dépendances – située à Stains rue Jean Durant. Cette rue menait directement au château.

Stains au XVIIème – Localisation(en rouge) de la rue Jean Durand [2]

Depuis plusieurs années déjà, Jean occupe des fonctions importantes sur Stains, où il participe à la nomination du marguiller, et ce dès 1706 (mais aussi en 1713, 1714, 1716, 1717, 1718, 1719, 1721, 1722, 1723, 1724, 1725, 1726 , 1728).

Quelles sont les fonctions du marguiller ?

Le marguiller est une personne laïque, chargée de l’entretien de l’église et des locaux, de l’administration des biens de la paroisse (terres, locations de terres, rentes et impôts), de la tenue du registre de la paroisse et de la préparation des affaires portées devant le conseil de la paroisse.

La nomination du marguiller consiste à élire le marguillier de l’œuvre et de la fabrique de ladite église au 1er novembre de chaque année, et ce pour une année.  Jean est lui-même élu en 1723 et 1727. On ne peut douter, en ces circonstances, que ses enfants eurent à fréquenter la paroisse.

1725 – Nomination de Jean Tinthoin en qualité de marguillier pour la période du 1er novembre 1725 au 31 octobre 1726 [3]

Quelles informations espérer trouver sur les enfants du couple ?

Outre les baptêmes des enfants, les archives de la paroisse nous révèlent les dates des confirmations et premières communions des enfants :

 ConfirmationPremière communion
Marie Denise (1708-1730)17231722
Thomas (1710-1789)17231726
Jean Pierre (1713-av.1746)17231726
Jacques (1715-ap.1749)1723
Jean Baptiste (1717-1793)17311732

Aussi bizarre que cela puisse paraître, la confirmation a lieu avant la première communion. Cela s’explique par le fait que la confirmation est là pour confirmer le baptême, sacrement nécessaire à la première communion. Ce second sacrement, quant à lui, se caractérise par la communion de l’enfant. Il y a donc bien une logique dans les informations retrouvées.

Et s’agissant de leur scolarité ?

Une étude approfondie de cette période de la vie de Jean nous apprend que si Jean reprend ses activités de marchand de dentelles dès 1728, il aura, dès 1723, participé à la fondation de l’hôpital de la Maison des Sœurs, hôpital chargé des soins aux nécessiteux et de l’école pour jeunes filles du village, projet initié par Toussaint Bellanger, Seigneur de Stains.

Cette fondation allait de paire avec la création des « écoles charitables »,  enseignement primaire mis en place dès 1723 pour les enfants stanois, dont l’instruction était dispensé par des religieuses, puis, par intermittence, par un enseignant laïc.

Peut-on considérer alors que les enfants de Jean et Denise auraient aussi fréquenté cette institution ? Cela est probable, bien qu’en 1723, plusieurs d’entre eux (Pierre, Thomas) sont déjà en âge de débuter une activité professionnelle chez un maître. Ceci étant, les recherches effectuées dans les archives de Seine-Saint-Denis et des Yvelines n’ont pas permis d’objectiver cette information.

Puis les enfants quittent le giron familial…

Assez rapidement, les enfants en âge de s’engager dans une activité professionnelle partent en apprentissage et/ou se marient (Pierre se marie en 1728, Jeanne en 1734, Thomas en 1740…), non sans avoir préalablement signé un contrat de mariage, document incontournable pour le généalogiste, particulièrement lorsque l’époux fait partie d’une corporation. Aucun de ces contrats de mariages ne sera d’ailleurs signé à Saint-Denis. La localisation de la corporation des marchands merciers à laquelle ils sont rattachés étant sur Paris, tous les actes sont signés dans cette ville.

La descendance de Jean et Denise aura été prolifique, du moins sur les 8 premières générations. Leurs 8 enfants vivants leur donnent 26 petits-enfants, qui eux-mêmes auront 35 enfants. Cependant, depuis, Tinthoin est un patronyme qui se meurt. Cela ne m’empêche pas de chercher à préserver la mémoire de cette lignée, en vous faisant partager ces quelques écrits et éléments de recherche.

Chalenge UPRO-G

Sources principales :

  • Archives privées (Tinthoin, Bodénès)
  • Archives Nationales
  • Archives Départementales de Seine-Saint-Denis
  • Archives Départementales des Yvelines

[1] Archives privées, famille Tinthoin

[2] BORDES, Jean – Stains et son histoire, Ed. Alliance Services, Paris, 1979 – Page 13

[3] Archives départementales de Seine-Saint-Denis – BMS – Cote STA 1GG4

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