
J’ai été amenée à aborder le sujet du bagne, à deux reprises, notamment à travers l’histoire de Jean Théodore Sibot (cf. articles INNOCENT ?… pas vraiment finalement… et Un bagnard en Nouvelle-Calédonie). Je me suis beaucoup documentée sur le sujet, à la faveur de nombreux et parfois très beaux livres traitant de ce sujet.
Un des dossiers sur lesquels il m’est actuellement donné d’effectuer des recherches m’a conduit à approfondir mes recherches sur la période parfois antérieure à l’envoi au bagne. C’est ainsi que je me suis intéressée aux structures pénitentiaires réservées aux mineurs. Qu’elles aient été privées, publiques ou réservées aux jeunes filles, les trois plus importantes de Bretagne étaient située à Saint-Ilan (Côtes-du-Nord), Belle-Île et Langonnet (Morbihan).
C’est la colonie de Saint-Ilan qui m’intéresse plus particulièrement. Achille du Clésieux, qui vient d’hériter du château de Saint-Ilan, est désireux d’apporter son secours aux plus nécessiteux.

Le comte Achille du Clésieux (1806-1893) fut conseiller général des Côtes-d’Armor
Il développe ainsi un projet d’accueil de jeunes en déshérence en créant l’œuvre de Saint-Ilan (1843), autour d’une école d’agriculture et de jardinage qui va très vite devenir une colonie pénitentiaire agricole (1855). Elle fermera ses portes en 1903. A partir de cette date, c’est une école d’horticulture qui sera développée.

Saint-Ilan au XIXème (AD 35)
En France, au début du XIXème siècle, ce sont diverses colonies de ce type qui voient le jour à Bordeaux (colonie Saint-Jean, 1838), Marseille (colonie Saint-Pierre, 1839), près d’Evry (colonie Petit-Bourg, 1840), au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), etc…

Localisation des principales colonies pénitentiaires pour mineurs
Les travaux auxquels sont occupés les jeunes pris en charge couvrent aussi bien les secteurs industriels qu’agricoles. Comme le précise Michel Pierre, l’idée maîtresse est d’offrir une alternative à la prison et de permettre la régénération par le travail.
C’est à la suite d’un vol de biscuits commis à la gare de Saint-Lô (Manche) que Gustave Jean-Baptiste se voit envoyé par le Tribunal de cette même ville à la colonie de Saint-Ilan, en 1890. Il y restera 5 ans. Après quelques emplois chez un cultivateur à Pleurtuit (Ille-et-Vilaine), une période militaire à Rennes (1897) puis à Guingamp (1899), il déserte, non sans avoir laissé les plus mauvais souvenirs à ses camarades.

Extrait du dossier conservé aux Archives Nationales d’Outre-Mer
On ne pourra que constater que son séjour en colonie pénitentiaire pour mineurs n’aura pas eu les effets escomptés. Après divers méfaits, c’est finalement à Quévert, à 500 mètres de mon actuelle demeure que Gustave assassinera une aubergiste, dans la nuit du 1er au 2 août 1899, pour lui subtiliser ses maigres économies… Il en sera alors quitte pour un aller simple vers le bagne guyanais où il décède en 1923.
Sources
– Archives Départementales des Côtes-d’Armor
– Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine
– Archives Départementales de la Manche
– Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM)
Bibliographie
– LOISY, Edouard, Saint-Ilan, 1843-1993, 150 ans au Service des Jeunes
– PIERRE, Michel, Le temps des bagnes (1748-1953) – Paris, Editions Tallandier, 2018
Sitographie
– Wikipédia
Ah oui 24 ans en Guyane quand même !
J’aimeJ’aime
Oui, il est vrai que la longévité de certains condamnés a été particulièrement longue. Et lorsque l’on se penche sur leurs conditions de vie, on peut certes s’en étonner…
J’aimeJ’aime