J’ai entamé, dans ma commune, des recherches visant à reconstituer divers événements – souvent tragiques – ayant fait l’objet d’une parution dans la presse.
C’est ainsi qu’en ce 21 novembre 1803, le Journal des débats et des décrets nous apprend la disparition de deux sœurs.

La « nouvelle » fait l’objet de diverses parutions, toujours en ces mêmes termes, notamment dans Le Courrier des spectacles, ou Journal des théâtres du 22 novembre 1803. De simples entrefilets néanmoins, qui ne nous apprennent rien sur les victimes, et c’est là qu’intervient la généalogiste que je suis.
Les deux sœurs ne sont autres que Laurence et Jeanne Rolland, respectivement âgées de quarante-et-un et trente-six ans.

Acte de décès de Laurence Rolland
(AD 22 – Sépultures Quévert 1793-1805, vue 99)
Laurence décède le 21 brumaire an 12, à dix-neuf heures.

Acte de décès de Jeanne Rolland
(AD 22 – Sépultures Quévert 1793-1805, vue 99)
Jeanne décède le 23 brumaire an 12 (15 novembre 1803), à une heure du matin.
Dans les deux cas, c’est leur sœur Marie, qui les veille très certainement, qui déclare leur décès auprès du maire, Jean Lefeubvre. On observera que l’âge des défuntes est erroné. En effet, Laurence a trente-sept ans au moment de son décès, alors que Jeanne en a trente-et-un.
Filles de Pierre (né le 4 novembre 1731 à Quévert, au village de la Borgnais) et de Rose Cochet (née le 27 novembre 1729 à Languenan, au village de la Chapelle), Laurence et Jeanne sont natives de Quévert, où elles ont vu le jour les 26 août 1766 et 23 octobre 1772. Toutes deux, elles naissent alors à la Ville Pierre, hameau situé au nord-est du bourg. Leurs parents se sont mariés le 21 février 1764 à Languenan.

La Ville Pierre, Quévert – Cadastre 1809, section B, extrait (Cote 3 P 264)
Les deux sœurs ont deux autres sœurs : Rose, née le 7 janvier 1765 à Quévert, qui épouse, à Quévert, le 23 novembre 1790, Félix Macé. Et Marie, née le 9 novembre 1769, toujours à Quévert, qui épousera, le 17 février 1806, à Quévert, Laurent Rolland.
Comme le précisent les articles de presse, Laurence et Jeanne sont pour ainsi dire de jeunes mariées. Laurence épouse, en pluviôse an 11 (janvier ou février 1803, le jour du mariage n’étant pas précisé sur l’acte), Julien Lucas, également quévertois. Jeanne, quant à elle, épouse le 2 ventôse an 11 (21 février 1803), Pierre Lecompte, domicilié à Corseul, dont il est natif.
Les jeunes couples s’installent donc à Quévert. S’il n’est fait mention du nom de leur hameau de résidence, on peut supposer qu’ils sont restés à La Ville Pierre.

Réalisé avec le logiciel Heredis, version 2022
Quel que soit leur lieu de résidence, la question qui se pose à nous est de parvenir à reconstituer les circonstances du décès des deux sœurs. Empoisonnement accidentel ou volontaire ? Un proche aurait-il eu un quelconque intérêt à voir disparaître les deux sœurs ? S’il s’agit d’un empoisonnement accidentel, comment expliquer que seules les deux sœurs aient été touchées ?
Le fait est que pour ce qui est des fonds judiciaires et pénitentiaires de la période révolutionnaire conservés aux Archives Départementales des Côtes-d’Armor (série L), aucun dossier ne fait référence aux sœurs Rolland. La seule mort suspecte d’un Rolland concerne Rolland Le Gueselou à Caouënnec le 16 ventôse an IV.
Il convient donc de se retourner vers les archives de police, pour espérer y trouver une quelconque information. Dans le canton de Dinan, les archives relatives à l’activité du Commissariat de Police ou de la Gendarmerie sont consultables en série M, et plus particulièrement en sous-série 4M. La gestion quotidienne des affaires de police, pour la période courant de l’an VII à 1945 ne permettent malheureusement pas de retrouver, pour la période qui nous concerne, d’archives relatives à Dinan et sa périphérie. Les lacunes sont parfois frustrantes…
Nous resterons donc sur notre faim, mais comme souvent sur cette période, l’ancienneté du fait peut avoir pour conséquence une absence d’informations… Mais ce n’est (heureusement) pas toujours le cas comme vous pourrez le constater à la lecture de mon article du 8 mars prochain, sur la disparition du maire de la commune..,
Source
– Archives départementales des Côtes-d’Armor (état-civil, cadastre ancien, fonds judiciaires et pénitentiaires)
Bibliographie
– Journal des débats et des décrets, 21 novembre 1803, page 2
– Courrier des spectacles ou Journal des théâtres, 22 novembre 1803, page 7
Très bel article!
Merci Michèle
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Merci Ludivine. Je ne me lasse pas de retracer l’histoire locale, de mieux comprendre le quotidien de nos aïeux et d’illustres inconnus. A bientôt !
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Merci pour vos informations. Il est vrai que dans les campagnes ils se passaient beaucoup de choses ainsi que dans les villes où il y a beaucoup de passages.
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Oui, et cela vous permet sans doute d’étoffer un peu vos propres recherches généalogiques. Bonne continuation !
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