Il y a quelques jours, j’échangeais sur LinkedIn, sur le temps qui me manque, nous manque devrais-je dire, pour nous consacrer aux recherches généalogiques propres à notre famille. J’expliquais même à mon correspondant – @Franck Belin pour ne pas le citer 😉 – combien je faisais finalement partie de ces cordonniers fort mal chaussés… tout en imaginant pouvoir, ne serait-ce qu’une fois par mois, écrire sur mes ancêtres.
Puis-je dire que mon aïeul maternel, Robert Tinthoin (1904-1993), a été le déclencheur de ma passion pour la généalogie ? A vrai dire, je n’en sais rien. Il a cependant sans doute su m’intéresser à la discipline, lui qui avait écrit plusieurs témoignages sur ceux qu’il appelait nos « témoins familiaux », retraçant alors leur vie, les événements majeurs – heureux et malheureux – de leur existence.

Suzanne Pairault
Pour la petite histoire, mon grand-père avait débuté sa carrière comme instituteur, pour finalement occuper le poste de Directeur d’Archives Départementales, en Algérie période française, puis en métropole, à Mende et Niort.

Robert Tinthoin (vers 1950)
Mais ce dont je souhaite vous parler présentement, c’est un court épisode de sa vie, qui a eu, en moi, un résonnement particulier, au cœur de mes deux passions : la généalogie et ma collection de livres des Bibliothèque Rose et Verte. Car c’est en feuilletant un ouvrage de notre bibliothèque familiale que je fis le lien entre mon aïeul et une auteure des éditions Hachette, Suzanne Pairault.

Bibliothèque Verte – La série emblématique de Suzanne Pairault
Suzanne Rémond naît à Paris 6ème le 2 décembre 1897. Elle est la fille de Jean (1872-1913), peintre, et de Marie Léonie Baudouin. Elle est l’aînée du couple, et aura deux frère et sœur, Louise en 1903 et Olivier en 1905.
Suzanne suit des études classiques, passe son baccalauréat à la Sorbonne, une licence de lettres, puis part étudier la sociologie à Harvard (université de Radcliffe).
Après le décès de son père, à la fin de la Première Guerre Mondiale, elle sert un temps comme infirmière de la Croix Rouge dans un hôpital anglais, puis effectue plusieurs séjours à l’étranger, tant en Europe (Ecosse, Italie) qu’en Amérique ou au Proche-Orient.
C’est en 1929 qu’elle épouse Pierre Pairault, Ingénieur des Arts et Manufactures. Déjà, à cette époque, Suzanne écrit beaucoup, principalement des livres pour adultes. En 1931 est publié La Traversée du Boulevard, aux Editions Plon.
Le jeune couple part s’installer à Afrique du Nord, d’abord à Tunis puis à Alger, pour la carrière de Pierre. Mais ce dernier est victime d’un grave accident de passage à niveau, à Oran, et décède en 1934.
Si Suzanne ne tarde guère à rentrer en France, elle y poursuit sa carrière dans la littérature, se consacrant aussi à des traductions (Moi, Claude, empereur, 1939). En 1941, elle publie aux Editions Les Deux Sirènes Le Sang de Bou-Okba, ouvrage qui raconte la vie des premiers colons oranais après la conquête de l’Algérie.

Lorsque je trouve cet ouvrage dédicacé dans nos archives, je m’en étonne à deux titres. Qu’est-ce qui a bien pu pousser Suzanne à écrire sur ce thème ? Qu’est-ce qui justifie que mon grand-père ait détenu un livre dédicacé de Suzanne ?
Je ne tarde pas, en rédigeant un projet de monographie sur cette auteure, à pouvoir répondre à ces deux questions.
Outre son séjour en Algérie avec son époux, une partie de la famille de Suzanne avait vécu en Algérie (région de Bône) dans le courant du XIXème siècle. Quant à mon grand-père, lui qui avait parcouru une grande partie de l’Algérie à pied, il aura été sollicité en 1948 par René Serge Quirot de Poligny, plus connu sous le nom de Serge de Poligny (1903-1983), pour parcourir et sélectionner les sites propices à la réalisation des scènes du futur film tiré du Sang de Bou-Okba : La Soif des Hommes, qui sortira en salle en 1949.

DJILALI BEN AMAR – Les maisons du hameau
(photo Serge de Poligny, collection Robert TInthoin)
Cet épisode, ainsi résumé, peut paraître une simple anecdote. Pourtant, sachez qu’à lui seul, il tient une place relativement importante dans mon cabinet de curiosités. Outre un fonds de dossier relatif au roman original et au film lui-même, de nombreuses photos, correspondances, recherches et études sur l’ascendance de Suzanne ou sa vie, font partie intégrante de mon univers. Je crois qu’à lui seul, ce simple épisode pourrait justifier que l’on en écrive un livre… d’autant que finalement, nous n’en sommes alors qu’au début de la carrière de Suzanne…
Et vous, ne pensez-vous pas qu’une période de la vie d’un de vos ancêtres mériterait que l’on s’y attarde ?
Sources
– Archives privées, Michèle Bodénès
Bibliographie
– DIAMEND, Nic, Dictionnaires des écrivains pour la jeunesse, EDL, 1993