Joseph… dit Gouac’her… dit Job… dit Josse…

A l’occasion d’une recherche en archives départementales sur un jeune détenu de Saint-Ilan, je me suis prise au jeu de consulter un autre dossier, pour le moins conséquent, concernant un jeune d’environ 12 / 13 ans, condamné à la maison de correction pour délit de vagabondage, au début de l’année 1846.

Joseph dit Gouacher, dit Job, dit Jousse, demeure un mystère pour l’administration durant de nombreux mois. Illettré, parfois même décrit comme souffrant d’idiotisme, parlant exclusivement le bas-breton, il est transféré à Rennes afin que des co-détenus, parlant ce même dialecte, puissent en apprendre davantage sur ses origines. L’enfant ne semble cependant pas être en mesure de décliner son identité. Il avance divers prénoms quant aux frères et sœurs composant sa fratrie, sans que rien ne puisse être confirmé. Ses dires font l’objet de procédures pour le moins complexes pour l’époque.

Après les premières recherches effectuées par le Commissariat de Police de Saint-Brieuc, la Préfecture d’Ille-et-Vilaine saisit la Gendarmerie. Elle mène de nombreuses investigations, interroge les communes environnantes, les hospices, les lieux de détention susceptibles d’avoir accueilli le jeune Joseph, sollicite des avis, et va même jusqu’à présenter l’enfant à plusieurs reprises à des familles qui pensent pouvoir ainsi peut-être, retrouver leur enfant disparu.

Joseph est-il le fils de la famille Pêcheur ? De la veuve Colette ?

De jeunes femmes ayant eu plusieurs enfants naturels sont également convoquées.

Je dois dire que ces procédures m’ont pour le moins étonnée. Ayant à plusieurs reprises été amenée à consulter des dossiers d’indigents, de patients admis, par exemple, à l’hospice de Dinan sans que l’on connaisse véritablement leur identité, les moyens mis en œuvre pour reconstituer le parcours de Joseph m’ont finalement, pour ainsi dire, agréablement surprises.

Ce dossier contient certes de nombreuses informations sur les recherches afférentes à Joseph, mais aussi et surtout de nombreuses informations sur des familles qui auraient pu avoir un lien avec l’enfant. Il en va ainsi d’une certaine Anne Ollivier, native de Merléac, dont on retrouvera tout le parcours, au départ de la Bretagne vers Courbevoie (actuel département des Hauts-de-Seine).

Anne Ollivier, une des filles mères convoquées

Ce n’est qu à la fin de l’année 1846 que l’on apprend la véritable identité de Joseph. Il est le fils de René et Nolwen Le Bris, et est natif de Pluméliau (Morbihan) où il a vu le jour le 6 mars 1828. Il a alors déjà dix-huit ans au moment de sa condamnation, mais n’en paraît que treize.

C’est ainsi que l’on apprend qu’au début de l’année 1846, Joseph n’a fait que quitter le domicile familial pour chercher son pain.

Acte de naissance de Joseph Le Bris

Après le  décès de sa mère en 1829, son père, tisserand, s’est remarié à deux reprises en 1830 et 1840. Joseph voit sa famille s’étoffer au fil des ans, mais semble ne pas être en mesure d’occuper d’autre fonction que celle de pâtre. Il ne trouve sans doute pas sa place dans ce foyer recomposé où, probablement, il représente plus une charge qu’une aide pour le ménage.

La vie de Joseph et de sa famille mériterait que l’on s’y attarde. Elle reflète finalement la vie quotidienne des paysans bretons, des ouvriers qui ne devaient leur survie qu’à un dur labeur, parfois au goût amer.

Sources
– Archives Départementales des Côtes-d’Armor, Cote Y44
– Archives départementales du Morbihan, Etat-civil

bodenes.genealogie@orange.fr
www.bodenesgenealogie.fr

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