#ChallengeUproG, mai 2023
C’est sur le monument aux morts de ma commune de résidence, Quévert (Côtes-d’Armor), que je relève le nom de « mon » combattant. Premier point de vigilance, sous les gravures 1939-1945 semblent figurer également les noms des soldats décédés au cours de la guerre d’Indochine (INDOne) ou de la Guerre d’Algérie (AFN).
Photographie Michèle Bodénès
Pour la période 1939-1945, cinq noms se font jour :
– J. JOUANNY
– A. LEFEUVRE
– F. MORIN
– E. TROTEL
– M. HAMONIAUX
Je décide de choisir le dernier nom, celui d’un certain M. Hamoniaux.
Mon premier réflexe consiste à aller consulter le site Mémoire des Hommes afin de m’assurer du référencement de sa disparition durant la Seconde Guerre Mondiale. J’ai très vite confirmation que Maurice Robert Hamoniaux, natif de Lanvallay (commune limitrophe de la ville de Dinan), est bien décédé durant ce conflit. Il disparaît en effet le 3 juillet 1940 à Mers-el-Kébir, en Algérie, période française.
Fiche « Mémoire des Hommes »
Ma seconde démarche consiste à me rendre à la mairie de Quévert, afin d’y consulter les registres des décès dans lesquels je devrais retrouver la retranscription du décès de Maurice. Je trouve effectivement mention de son décès, dans l’état civil de la ville de Quévert, en 1942, faisant suite à un jugement du Tribunal de Première Instance de Toulon en date du 2 octobre 1941.
Retranscription du décès de Maurice
D’où était originaire Maurice ?
Maurice naît donc le vendredi 25 avril 1919 à Lanvallay. Il est le fils d’Ange Marie et de Claire Jeanne Auffray, respectivement forgeron et ménagère. Ses parents se sont mariés le 19 novembre 1908 à Taden, commune limitrophe de Dinan.
Acte de naissance de Maurice Hamoniaux
Maurice est le quatrième enfant du couple. Ses frères et sœurs, tous nés à Lanvallay sont Hélène, née en 1913, Jeanne, née en 1914 et Victor, né en 1916.
Qu’en est-il de la disparition de Maurice ?
Au moment de son décès, Maurice est matelot fusilier. Il sert à bord du cuirassé La Bretagne. Son décès intervient dans le cadre d’un des épisodes les plus tragiques de la Seconde Guerre Mondiale, circonstances qui font encore couler beaucoup d’encre de nos jours.
Cuirassé La Bretagne
Le cuirassé La Bretagne fait partie de la flotte amarrée à Mers-el-Kébir (Oran) ce 3 juillet 1940. Une semaine avant que les pleins pouvoirs ne soient remis à Philippe Pétain, le Royaume-Uni lance une attaque contre la flotte française, au motif qu’il craint que la flotte ne passe sous commandement allemand. Touché par deux obus de 380mm dès les premières minutes, il explose et chavire, entraînant dans la mort plus de 1000 hommes d’équipage. Si d’autres bâtiments sont touchés (croiseur Dunkerque, croiseur Provence, contre-torpilleur Mogador X61…), aucun d’entre eux ne l’est dans les mêmes proportions que le croiseur La Bretagne. D’autres frappes, aériennes cette fois, seront par ailleurs menées le 6 juillet.
Les marins sont inhumés sur place, dans un cimetière surplombant la baie et le port de Mers-el-Kébir. Ce cimetière abrite des tombes individuelles et, dans un ossuaire, les restes des victimes retrouvés lors du relevage de l’épave de La Bretagne entre 1952 et 1954.
Le cimetière de Mers-el-Kébir (Photographie Robert Tinthoin)
En France, plusieurs lieux commémorent ce drame (Saint-Mathieu, Toulon, Pornic…). En Bretagne, une stèle a été érigée au cimetière de Kerfautras, à Brest.
La stèle érigée à Brest (Association Aux Marins)
Maurice n’avait que 21 ans. Il fait partie des 1.012 marins du Bretagne morts ou disparus ce 3 juillet 1940.
Sources
– Archives privées, Michèle Bodénès
– Archives départementales des Côtes d’Armor
– Mairie de Quévert, service Etat-Civil
Voir aussi :
– Service Historique de la Défense, Site de Vincennes (Cote CC8 62 E 5745)
Bibliographie
– GRALL, Henri, LE HIR, Martial, La mémoire de Mers-ek-Kébir de 1940 à nos jours, Rennes, Marines Editions, 2011.
– TINTHOIN, Robert, Mers-el-Kébir, Le Grand Port, Alger, Heintz Frères, 1949.
Sitographie
– www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
– https://memorial-national-des-marins.fr : Association, Mémorial National des marins d’Etat, de commerce et de pêche « Morts pour la France »
Michèle Bodénès, Généalogiste familiale E.I. 
Un avis sur « Un combattant de la Seconde Guerre Mondiale »