Un procès retentissant

#ChallengeUproG

Le thème proposé par l’UPRO-G en ce mois de juillet est intitulé « Un procès retentissant ».

De prime abord, j’ai pensé à un procès au retentissement régional voire national, mais très rapidement je me suis recentré sur des écrits locaux, et ai repensé à Jean Louis René Marie Bazouge (1818, Bécherel – 1891, Saint-Malo), imprimeur à Dinan dont j’ai déjà cité le patronyme en février dernier, dans le cadre d’un article consacré au caveau d’une personnalité locale.

Ma présentation va se porter non pas sur un procès, mais sur une source susceptible d’apporter des éléments sur un fait divers, un procès, en dehors de la presse locale ou nationale.


Qu’est-ce qu’une complainte ?

Les complaintes sont des imprimés illustrés, édités sur feuilles volantes de formats variés (22 x 14, 30 x 20, 37 x 28…), et qui traitent d’une affaire précise.

Dès 1846, Jean Bazouge fait paraître une quinzaine de complaintes (dites) criminelles, activité qui sera reprise par son fils aîné Francis (1843-1899). Leur tirage varie en fonction des affaires… ou du lieu de pendaison du condamné, le nombre de ventes semblant parfois liée à la proximité du lieu du supplice avec la localisation de l’imprimerie familiale…

Complainte sur Marie Mahé

Quels sont les sujets traités ?

A titre d’exemples, en 1846, le Jugement de Marie Mahé nous éclaire sur le meurtre commis par une belle-mère, le 4 janvier 1846, sur sa belle-fille âgé de sept ans. En 1848 c’est la Cour d’Assises d’Anvers qui revient, non pas sur un fait divers, mais sur la tentative de renversement de la monarchie belge (mars 1848). En 1857, c’est à la Mort tragique de Monseigneur l’Archevêque de Paris suivie de ses Funérailles et de son Testament qu’est consacré la complainte publiée par Jean Bazouge.

Extrait de la complainte sur l’Archevêque de Paris

Ces complaintes sont, pour la plupart, illustrées de dessins qui représentent les personnages cités, mais aussi les lieux de tenue du procès, ou encore des croquis de l’échafaud… C’est une source non négligeable non seulement d’un point de vue historique, mais aussi pour se faire une idée du retentissement de certaines affaires.

On peut néanmoins s’interroger sur ce qui aurait pu inciter Jean Bazouge à publier une complainte sur l’Horrible assassinat commis sur le vénérable curé de Saint-Arçons (Allier), si ce n’est le retentissement de cette affaire jusqu’en Bretagne… à moins que la famille Bazouge n’ait eu un lien quelconque avec ce curé bourbonnais… ce qui reste très peu probable.

Curé de Saint-Arçons

De l’intérêt d’élargir nos recherches…

Nous aurions tort de nous cantonner aux seuls écrits émanant de la presse à grand tirage pour en apprendre davantage sur notre histoire familiale. Les sources archivistiques, si elles nous apportent aussi de précieux éléments, méritent d’être croisées avec des publications plus intimistes, que parfois seules des bibliothèques locales ont pu encore conserver…

Extrait de la complainte portant sur l’assassinat du curé d’Arçons, 1882

Outre les dépôts d’archives, je ne peux donc que vous conseiller de fréquenter les bibliothèques et autres lieux de conservation de notre mémoire écrite. Rien ne vaut de se plonger dans ces documents d’un autre siècle pour élargir le périmètre de notre connaissance…


Sources
– Archives privées, Michèle Bodénès
– Archives départementales des Côtes d’Armor

Sitographie
https://gallica.bnf.fr, BNF Gallica

bodenes.genealogie@orange.fr
www.bodenesgenealogie.fr

2 commentaires sur « Un procès retentissant »

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