Qui était Jean Baptiste Louis ?
Louis (car c’est ainsi qu’il se fait appeler), n’est autre que l’arrière-grand-père de mon aïeul maternel. Il naît le 24 août 1919 à Saint-Sulpice-les-Feuilles, en Haute-Vienne. Il est le fils de Benoît (1767-1858), Chirurgien de marine, et de Françoise Victoire Boutaud de la Combe (1783-1854).
Dès qu’il est en âge de suivre une formation, il s’engage dans les travaux publics, et rejoint la capitale où il épouse, le 8 novembre 1842, Alexandrine Joséphine Jacquet (1824-1892), fille d’un ouvrier-verrier.
Quelle est la carrière de Louis ?
Car c’est en effet bien sa carrière qui nous intéresse. Et c’est justement en essayant de la reconstituer que j’ai appris que Louis était un inventeur.
Partir sur les traces de Louis, c’est se balader dans Paris, au gré des entreprises qu’il crée dès 1844. De couvreur à entrepreneur de couverture et de plomberie, il exerce dans les IIème et IIIème arrondissements (anciens) de Paris entre 1844 et 1860. Cette année là, il rejoint Saint-Germain-en-Laye (20 et 22 rue Grande Fontaine), avant de rejoindre définitivement la capitale, quelques années plus tard, pour exercer la profession de Vérificateur en bâtiment.

C’est la reconstitution de son environnement familial (enfants, entourage proche) qui m’a permis d’obtenir de nombreux éléments sur ses occupations et résidences successives.
Mais qu’a-t-il inventé ?
C’est en prenant le temps de consulter les articles de la presse ancienne, l’annuaire général du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration, les bulletins des lois, ou encore le Recueil périodique et critique de jurisprudence, de législation et de doctrine en matière civile, commerciale, criminelle, administrative et de droit public que j’ai découvert des informations on ne peut plus intéressantes.
Le Bulletin des Lois, particulièrement celui du 10 octobre 1853, fait mention de la proclamation d’un brevet d’invention de quinze ans décerné à Louis.

De fil en aiguille, son parcours s’étoffe, les informations affluent. Les Archives de l’Institut national de la Propriété Industrielle (INPI) me renseignent sur le dépôt de plusieurs brevets en 1852 et 1853. Ils portent sur trois inventions que sont :
- un système de charpente en fer et bois réunis solidaires,
- une couverture en tuile s’agrafant dans la brique ou sur des tringles en fer
- une couverture à double crochet, en grès, en terres émaillés et en verre, incombustible, et sans entretien.

La mémoire familiale faisait par ailleurs état d’une participation à une exposition universelle. Au vu des informations collectées, je mets un point d’honneur à ré-interroger tout mon entourage, pour finalement découvrir qu’un de mes proches détenait cette médaille commémorative, décernée à Louis en 1855 :

C’est dans la continuité de l’Exposition Universelle de 1855 que Louis crée deux sociétés, en mai et juin 1855 pour lancer sa Fabrique de Tuiles Alaboissette. Ses tuiles sont vendues communément par de nombreux professionnels, tels les frères Faure installés au 14 rue Rochechouart.
Quoi qu’il en soit, les archives continuent à parler, et permettent même de retrouver l’usine de production de Louis. De la capitale, nous partons pour Ecommoy, dans la Sarthe. C’est finalement la faillite de son entreprise qui nous permet de rebondir, à partir d’une coupure de presse, vers les archives de la Cour de Cassation, suite à un litige sur le tribunal compétent.
Chaque article, chaque dossier, est une découverte. Les détails que renferme chacun d’entre eux nous apprennent que la famille logeait régulièrement près du Mans, toutes les contributions, tant celles du ménage que de l’entreprise, étant payées dans ce département.
Ce que j’aurais aimé pouvoir observer, sur le fronton de l’établissement d’Ecommoy, ces quelques mots : Fabrique de tuiles d’Alaboissettes et comp. Dépôt à Paris !
L’apogée du chef d’entreprise Louis Alaboisette ne sera donc que de courte durée, mais sa réussite aura été bien réelle, pleine de succès.. et de rebondissements. A 47 ans, il reprend la gestion d’une entreprise de couvertures, plomberie et canalisation, à Saint-Germain-en-Laye, avant de se reconvertir en vérificateur en bâtiment.
Cette nouvelle aventure professionnelle lui permettra d’intégrer le cercle très fermé des architectes parisiens…et de marier sa fille Marie Louise Julie, mon ancêtre directe… mais ça, c’est une autre histoire…
Quelques archives mobilisées / mobilisables
- Archives Nationales
- Archives notariales
- Archives de l’Exposition Universelle de 1855
- Archives de la Cour de Cassation
- Archives de la Ville de Paris
- Registres de catholicité
- Archives d’état civil
- Recensements de population
- Listes électorales
- AD des Yvelines
- Archives d’état civil
- Recensements de population
- Almanach de Saint-Germain-en-Laye
- Publications administratives
- AD de la Haute-Vienne
- Recensements de population
- Archives d’état civil
- AD de la Creuse
- Archives d’état civil
.. mais aussi… :
- Archives de l’Institut national de la Propriété Industrielle (INPI)
- Presse ancienne
- BNF Gallica
- Retronews
.. et de nombreux ouvrages :
- N.D., « Sociétés par actions, formations », Gazette de l’industrie et du commerce, 27 mai 1855, 1855, p.5
- N.D., « Sociétés par actions, formations », Gazette de l’industrie et du commerce, 7 juillet 1855, 1855, p.5
- N.D., « Bulletin des tribunaux, Revue de jurisprudence civil et commerciale», Gazette de l’industrie et du commerce, 10 mai 1857, 1857, p.9
- COLLECTIF, Annuaire général du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration : ou almanach des 500.000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers – Editeur (Paris) – Firmin-Didot frères (Paris) – Editions 1845, 1846, 1850, 1856
- BOTTIN, Sébastien, Almanach-Bottin du commerce de Paris, des départements de la France et des principales villes du monde… Paris, 1855
- MARVILLE, Charles. Rue Montmartre, de la rue d’Argout. Paris IIème. 1868
- SAGERET. Annuaire du bâtiment et des travaux publics, 63ème année, Paris, 1893.